4ème édition du 12 au 18 avril 2014 organisée par l'Association ACAL et le Village Vacances Touristra • Vaison-la-Romaine • Vaucluse

ROMAIN SLOCOMBE

Festival Polar de Vaison la Romaine Romain Slocombe Une des plus belles plumes du polar français nous rend visite en ce printemps 2014. De son propre aveu, cela faisait plusieurs décennies qu'il n'était plus  revenu dans les Voconces, et nous sommes heureux que cela soit à l'occasion de notre salon du polar. 

Romain Slocombe est romancier et artiste pluridisciplinaire. Un univers créatif extrêmement riche dont il est hasardeux d'extraire l'oeuvre romancière. Aussi, une fois n'est pas coutume, puisqu'il a pris la peine de publier une biographie fournie, la voici...
 
Elevé dans une famille d’artistes (mère peintre, père architecte, grand-père romancier et historien, oncle — Douglas Slocombe — directeur photo de Losey, Cukor, Polanski, Spielberg, etc.), après des études au lycée Janson-de-Sailly il rejoint en 1970 la faculté de Vincennes et se passionne pour le graphisme en étudiant les affiches politiques, la figuration narrative enseignée par Moebius. A Censier, il étudie la sociologie, l’histoire et chinois.

En 1974, alors étudiant à l’École Nationale des Beaux-Arts de Paris, Romain Slocombe participe avec Kiki et Loulou Picasso à la fondation du groupe BAZOOKA, qui, en pleine ère punk, allait révolutionner le graphisme français.

Slocombe effectue en 1977 son premier séjour au Japon, pays à l’origine de sa démarche artistique. Il publie l’année suivante aux Humanoïdes Associés l’album érotico-politique PRISONNIÈRE DE L’ARMÉE ROUGE ! qui sera soumis à une triple interdiction de la commission de censure, et enfin réédité en 2006 au Lézard Noir.

1983 publication de sa première œuvre littéraire PHUONG-DINH EXPRESS où l’on retrouve déjà les thèmes fondamentaux de son œuvre, tels que les souligne Jean-Luc Fromental (dans sa préface à la réédition, avec les illustrations originales, aux Presses Universitaires France en 2002) : 

« Je garde le souvenir d’un malaise et d’un éblouissement face à ces pages balafrées d’images blafardes, glaçantes d’objectivité anthropométrique, saturées de fétichisme médical et d’icônes maléfiques, version pop art du montage traumatique auquel Kubrick soumet l’Alex d’Orange mécanique, iconographie Shoah plus Hiroshima, foire aux atrocités contemporaines livrée, comme chez Ballard, complètes de leur charge pornographique. Mais plus vive encore, reste l’impression de sérénité qui émanait de ce chant funèbre, de cette poursuite burroughsienne de la pureté à travers les charniers et les décharges d’Occident Tout l’art de Slocombe est là, dans le détachement clinique et la douceur bouddhique qu’il porte à l’exploration de l’abjection. »

La même année, Slocombe dirige un ouvrage collectif : L’ART MÉDICAL (éditions Temps Futurs), courant artistique dont il est à l’origine — et d’un néologisme en langue japonaise : medicaru âto.

1993 Romain Slocombe expose à Tôkyô son travail photographique à la galerie The Deep.
L’artiste se rend très fréquemment au Japon où il produit un important travail photo et vidéo avec des modèles japonaises.
Il rencontre Nobuyoshi Araki et réalise un documentaire sur la nouvelle photographie japonaise, UN MONDE FLOTTANT, produit par les Rencontres d’Arles.

En 1995 Romain Slocombe invité par Michel Nuridsany expose à Arles. Lors de la projection du documentaire UN MONDE FLOTTANT au Théâtre antique des incidents violents ont lieu parmi le public. Slocombe obtiendra le soutien des artistes (notamment Chris Marker) lors des projections à Paris. 

1998-99 il tourne des vidéos de création, commandées par Canal + et produites par Agat Films / Ex Nihilo. Diffusions sur Canal + (Unité des programmes courts, L’œil du cyclone) et Arte. Le court-métrage WEEK-END À TÔKYÔ (sur un scénario de Slocombe et co-réalisé avec Pierre Tasso) est primé dans de très nombreux festivals : Clermont-Ferrand, Grenoble, Londres, Milan, Regensburg, etc.

2000 Romain Slocombe débute une intense période d’écriture romanesque, avec en premier lieu une « tétralogie japonaise » : La Crucifixion en jaune, en hommage à Henry Miller et Yukio Mishima. Le premier tome d’UN ÉTÉ JAPONAIS est publié chez Gallimard.

12 romans seront publiés en 9 ans.

2001 l’artiste effectue une performance au Centre Pompidou, dans le cadre des Revues Parlées, autour de l’émission Mauvais Genres animée par François Angelier sur France-Culture.

2002 il réside aux Subsistances à Lyon, dans le cadre de l’événement Body Limits, expose son travail photographique et monte une performance avec la musicienne et danseuse butoh Yôko Higashi. Ce séjour donnera lieu aussi à un roman politico-historique sur le thème des persécutions : MORTELLE RÉSIDENCE (éditions du Masque / JC Lattès, 2008).

2005 parution de TOKYO BLUE (photographies) chez Isthme éditions, et de la monographie FEMMES DE PLÂTRE, Essai sur l’art médical de Romain Slocombe, par Stéphan Lévy-Kuentz, (biographe de Pascin et spécialiste de l’avant-garde russe). 

2006 exposition personnelle à Paris à la galerie Hors-Sol (fondatrice en collaboration avec la galerie JTM de l’événement Slick) d’un nouveau travail « médical » sur des jeunes femmes européennes prétendument de la grande bourgeoisie de Neuilly.

2007 parution du porte-folio MES JAPONAISES aux éditions Chez Higgins, préfacé par Pierre Bourgeade. Exposition personnelle (MEDICAL ART ZONE) à la galerie Sollertis.

2008 résidence d’auteur à Lyon. Travail photographique sur les usines désaffectées de la vallée du Gier.

2009 Romain Slocombe débute une nouvelle série photographique et un travail vidéo sur les thèmes des guerres civiles, de l’entropie et du chaos du XXIème siècle — en tant qu’artiste invité à la « Demeure du Chaos » que dirige Thierry Ehrmann à Saint-Romain au Mont d’Or.

2010 Son roman ENVOYEZ LA FRACTURE ! est adapté par Claire Devers sur France 2 (Suite Noire). Exposition autour du Japon, au Musée de l’Art Brut de la halle St Pierre à Paris. 

2011 Parution de MONSIEUR LE COMMANDANT, qui se retrouve sur le 1ère sélection du prix Goncourt, et sur celle des finalistes du Goncourt des lycéens (où il arrive 3ème derrière Carole Martinez et Sorj Chalandon).

2012 Parution de SHANGHAI CONNEXION, fresque épique sur la Seconde Guerre mondiale et conclusion à sa trilogie « L’Océan de la stérilité » publiée chez Fayard.
 
En 2013, paraît  PREMIÈRE STATION AVANT L'ABATTOIR aux Éditions du Seuil. 

Dominique Chappey, lauréat de notre concours de nouvelles en 2012 et 2013, offre à Vaison Polar une chronique de ce merveilleux roman qui vient d'obtenir le Prix Mystère de la Critique 2014.

À chacun son Golgotha (par Dominique Chappey)

La perfide Albion est souvent méprisée par les canicules. Pourtant, Ralph Exeter, citoyen britannique et correspondant à Paris du Daily World, n’est pas un espion qui vient du froid. Ce n’est même pas un espion tout court. S’il émarge au service de renseignement du Komintern, c’est pour mener grand train dans le Paris des années vingt, acheter ses alcools et ses maîtresses, pas pour les beaux yeux de la révolution prolétarienne. Dépourvu de réelles convictions politiques, de scrupules comme de sources d’informations, il invente donc C-2, un mystérieux contact au Quai d’Orsay dont les tuyaux imaginaires, mais convaincants sont payés rubis sur l’ongle par Moscou. L’engrenage est en marche : un doigt coincé et c’est le corps tout entier de notre épicurien désabusé qui plonge vers l’Italie.

En 1922, la conférence de Gênes réunit tous les pays ayant participé à la Grande Boucherie Internationale, à l’exception des États-Unis. Il est urgent de rétablir l’ordre monétaire mondial, de signer de juteux contrats autour du pétrole du Caucase ou de faire passer la pilule des emprunts russes. C’est l’occasion rêvée pour Exeter de chasser le scoop, la contre-révolutionnaire, la secrétaire soviétique délurée et les enveloppes de billets à grand coup de vin de Capri.

Complètement dépassé par les enjeux, Ralph Exeter cultive sans courage malvenu ni héroïsme aveugle les trois piliers de sa doctrine personnelle : opportunisme, jouissance et séduction. Secondé malgré lui par un clone d’Hemingway, ballotté entre Mata-Hari délicieuses, officiers russes et agent double/triple à stature de Fantomas International, les épaules d’Exeter plient sous le fardeau et peinent à porter un costume bien trop grand pour lui.

L’auteur s’en amuse, il joue avec aisance de son dandy cynique, électron libre d’un univers très documenté où pas une terminaison en ivitch, pas un numéro matricule de rapport confidentiel, pas un bouton astiqué d’uniforme ne manquent. Tout y est. Entre douce errance éthylique, cauchemars bien réels, idylles fantasmées ou avortées et petite leçons de la grande histoire, le faux espion est peut-être le catalyseur, le chaînon manquant à l’explosion de la fragile alliance des nations moribondes. 
 
Amateurs de John Le Carré (celui d’avant la chute du mur), nostalgiques de Graham Greene, des années débridées du Paris d’Henry Miller et d’Anaïs Nin, adeptes des nouvelles italiennes d’Hemingway : arrêtez votre Ford T sur le bord du chemin, goûtez à la prose élégante de Première Station avant l’abattoir... et reconnaissez qu’ils ont tous pompé sur Romain Slocombe.


 
Festival Polar de Vaison la Romaine Romain Slocombe
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