Laurence
Biberfeld n'a pas sa langue dans sa poche et ne produit pas une
littérature politiquement correcte. C'est tant mieux car ce qu'elle
dit tout haut, beaucoup le pensent tout bas, et ce qu'elle écrit
s'avère être l'essence même du roman noir, un roman qui
« s'inscrit dans une réalité sociale et porteur d'un discours
critique voire contestataire ». Cette insoumise chronique écrit
ce qu'elle voit, ce qu'elle voit ne lui plaît pas et à Vaison la
nouvelle invite le Polar, ce qu'elle écrit nous plaît beaucoup.
« Je
suis née le 6 novembre 1960 à Toulouse, vers minuit. J'ai quitté
assez tôt mes parents et le lycée, et additionné les petits
boulots et la vache enragée pendant quelques années. J'ai passé le
bac en candidate libre. Dans la foulée, j'ai eu le concours
d'instit. J'ai exercé en Lozère, en Beauce, en Ardèche, et à peu
près tout expérimenté, des remplacements en classes de perf' aux
classes uniques de montagne. J'ai refusé l'inspection pendant toute
ma carrière. J'ai toujours écrit, d'abord des contes et des poèmes
dans l'enfance et à l'adolescence, puis des romans à partir de 30
ans. En 99, j'ai pris une retraite anticipée pour me consacrer à
l'écriture, ce qui m'a permis de vouer une grande partie de mon
temps à l'anarchisme. En 2002, mon premier roman noir a été
accepté à la Série Noire, et depuis, si je ne vis pas de ma plume,
du moins ma plume vit. Par ailleurs, j'ai toujours dessiné, et cette
occupation, nettement plus clairsemée, a trouvé à s'exercer dans
le champ politique qui m'est cher. J'écris aussi des articles de
temps en temps. »
Laurence
Biberfeld va se servir de l'expérience des années atypiques qu'elle
a vécues pour nous parler des laissés-pour-compte et des petites
gens qui ont croisé son chemin, du quotidien dans lequel ils
baignent et parfois s'enlisent, adoptant une écriture riche et sans
cesse renouvelée, démontrant ainsi qu'elle possède une palette
stylistique complète.
Elle
publie son premier roman en 2002,dans la Série Noire, La B.A. de
Cardamone, l'histoire d'une jeune mère qui vient de quitter avec
ses quatre enfants un mari alcoolique et violent. Suivront, toujours
chez Gallimard, Le chien de Solférino en 2004 (roman très
noir où l'auteur peint une galerie de portraits pittoresques et dont
l'intrigue multiplie subtilement les points de vue de chacun) et La
vieille au grand chapeau en 2005, un thriller qui nous
sensibilise à la toute puissance des laboratoires pharmaceutiques
pour lesquels la vie de quelques humains terrassés par un virus a
peu de valeur en regard des bénéfices juteux qu'un vaccin ne
manquera pas de produire. Entre-temps paraîtra en 2004 aux Éditions
Autrement, dans la collection Noir Urbain - dirigée par Claude
Mesplède - , Évasion rue Quincampoix. Après avoir complété
en 2008 l'excellente Suite Noire des Éditions La Branche en signant
le n°21, Un chouette petit blot, elle en fera de même en
2009 avec Le Poulpe dans On ne badine pas avec les morts aux
Éditions Baleine et Mona Cabriole chez La Tengo : La bourse ou la
vie. En 2011 sortira Qu'ils s'en aillent tous !, l'enquête
de deux privés sur la mort du capitaine d'un port de la France du
Nord, chronique d'une Révolution annoncée par Laurence, mais aussi
un formidable exercice de style de la part d'une invitée qui passera
une semaine entière à nos côtés en avril prochain.