Jean-Jacques
n'avait pu être présent, à La Ferme des Arts, en 2010. Il
promettait d'honorer la prochaine invitation. Bien entendu, deux ans
plus tard, l'homme tint parole et sera parmi nous en 2012 pour notre
plus grand plaisir. Non seulement nous serons en présence d'un
auteur doué mais également d'un éditeur audacieux et inspiré.
Plus précisément, Jean-Jacques Reboux est un auteur devenu éditeur
… tout en restant auteur.
Le
détail a son importance. Dans une autre vie, il exerça plusieurs
métiers, notamment au sein de la Fonction Publique où il fut
instituteur et postier. Parallèlement, il écrit des romans, mais ne
parvient pas à se faire éditer. Conscient
de la valeur de ses manuscrits et quelque peu perplexe quant au
regard que portent de grands éditeurs sur sa production littéraire
, ne ressentant pas spécialement le désir de rester fonctionnaire
toute sa vie, et sans connaissance particulière de l'univers de
l'édition, il décide de créer bille en tête les éditions
Canaille, en 1992, avec le soutien de Jean-Bernard Pouy. En 1996,
Canaille sera rachetée par Baleine et il deviendra directeur de la
collection Canaille/Revolver. Le résultat de ce pari courageux se
passe de commentaire : quel amateur de roman noir ne
possède-t-il pas aujourd'hui dans sa bibliothèque au moins quelques
titres Canaille ?
"Né
en 1958 à Madré (Mayenne). Conçu sous COTY. Ecolier sous DE
GAULLE. Dompteur de poules sous POMPIDOU. Instituteur sous GISCARD.
Ouvreur de cinéma, postier tranquille sous MITTERRAND. Editeur
canaille sous CHIRAC. Editeur lunatique, outrageur résistant sous
SARKOZY. Poursuivi en justice par l'Opus Dei et la police. Espère se
reposer un peu sous HOLLANDE."
En
1992 paraît Fondu au noir chez Canaille dans la collection
Coupes Sombres – le titre sera réédité en 1995 dans
Canaille/Révolver, un bijou de roman noir -, un des – si ce
n'est le – meilleurs romans noirs se déroulant aux Etats-Unis
écrits par un Français. Une sorte d'hommage aux atmosphères
poisseuses des vieux romans noirs américains. Samuel Flicker,
journaliste au chômage, passablement endetté, accepte la tâche
d'interviewer Drexter, un cinéphile alcoolique, pour dix mille
dollars. C'est une aubaine pour lui. Mais Flicker ne sait pas encore
qu'il vient de pénétrer dans une spirale infernale :
manipulations perverses, créature vénéneuse et tous les
ingrédients nécessaires au genre qui pourraient nous faire croire
que ce livre est la traduction d'un bon roman américain.
En
1995 Jean-Jacques Reboux obtient la reconnaissance du public avec
Le massacre des innocents, pour lequel il obtiendra le Trophée
813, en 1996. L'auteur y traite les thèmes de l'Eglise, la guerre
d'Algérie et l'extrême droite.
Poste
mortem paraît en 1998. Un souvenir de son passage à la Poste.
Ecrit sur le mode burlesque, l'ouvrage met en scène Simone Dubois,
employée dans un centre de Chèques Postaux, tueuse en série,
kidnappant son ministre, un certain DSK. L'opportunité pour l'auteur
de dresser un état des lieux de l'institution.
En
2006, quatorze ans après Canaille, il décide de se lancer à
nouveau dans l'édition et donne naissance à Après la lune.
La même année, Catherine Fradier, dont il a déjà publié Les
carnassières chez Canaille/Revolver, lui confie un manuscrit
qu'elle ne parvient pas à faire publier. Jean-Jacques Reboux décide
de le faire : ce sera le succès de la colère des enfants
déchus récompensé du Grand Prix de Littérature Policière
2006, bientôt suivi de Camino 999, Prix SNCF du polar
français 2008.
Jean-Jacques
est un auteur à part dans le milieu du Polar. Un être attachant qui
traite les thèmes sensibles de la société avec humour et bonne
humeur : le monde qu'il nous raconte n'en est que
plus féroce.